POURQUOI CES 3-6 FLIPS MAGNIFIQUES NE PEUVENT PAS ETRE PUBLIES

Un sujet photo débile par Cyril Lestage, qui a toujours son ombre sur la photo, au moins 2 fois sur 3…

Admirez le jeune péruvien Diego, en visite en France,

dont le pied avant s’apprête à attraper le milieu de sa board (le fameux catch avec le “pah !” qui va bien), et dont le pied arrière vient subtilement,et de manière très sexy, enrouler tel un danseur méditerranéen la partie arrière de la planche. Ca c’est du 3-6 flip, hein ? Ah pardon, vous êtes des zoomeurs, vous dîtes tre flip. Même chose. J’aime pas dire tre flip, ça fait jockey. Passons.

Bref, cette photo ne peut (veut ?) vraiment être publiée dans un journal de skate sérieux comme Super Sarah ou Thrasher, pour deux raisons : primo, elle a lieu dans un skatepark, sur une session normale, et pas pendant une démo. Le trick n’est donc pas “exceptionnel”, c’est à dire qu’il ne représente rien d’autre que la session de Diego ce jour-là et n’a pas vocation à raconter une autre histoire qu’un trick rentré. La valeur relative de l’originalité, de la crativité ou du côté unique de ce jour-là et du skateboard n’est pas apparent. C’est un skatepark qui existe toujurs, dont les marches ont connu beaucoup de 3-6 flips j’en suis sûr, et Diego n’est pas devenu une rock-star ou n’est pas mort la semaine dernière. Il n’y a pas grand chose à raconter finalement, même si je la trouve ch’olie cette photo-là et j’adore Diego... Vous me suivez ?

Secondo, il l’a pas rentré ce jour-là son pétard de tre. Plus là dessus ensuite.

LE CAS DU TRICK PAS RENTRé, AVEC SAM.

Sam m’a appelé, on est allé faire des photos, sur des marches. Voilà !

Son catch a lui était aussi parfait, et il s’est donné, sur ces foutues marches, pendant je ne sais plus combien de temps. En tout cas, il n’a pas rentré son 3-6 flip ce jour là malgrès tous ses efforts, et la photo n’est donc pas “valide” : elle représente une figure qui n’existe finalement pas, puisqu’à ma connaissance il n’avait jamais mis son TRE ( mon dieu j’ai redis Tre !! ) et ne l’a pas mis par la suite.

La règle est la suivante : la photo peut être utilisée et publiée, uniquement si le trick est rentré. Pas besoin d’avoir la photo de l’essai exact mis, et il n’y a pas d’obligation non plus d’avoir une photo qui date du jour-même du 3-6 flip rentré. Par exemple, le ollie de Don 'Nuge' Nguyen publié dans Thrasher n’est pas celui du jour où Don l’a rentré, le photographe (maintenant rédacteur en chef de Thrasher) Michael Burnett a juste souhaité shooter le trick. Ce jour-là, Don ne portait même pas du tout les mêmes vêtements que lorsqu’il l’avait fait et filmé, créant presque le mythe que le ollie a été plaqué deux fois.

Le trick doit tout simplement être “validé”, voilà. Mais qui valide ? (Va lire la suite !)

POURTANT, si le 3-6 flip est bien rentré…

…pourquoi on ne pourrait pas l’utiliser pour le montrer ?

Et ouais, c’est compliqué ! Théo a bien techniquement plaqué ce 3-6 flip, j’ai gueulé comme un neuneu, c’était très cool à voir, d’autant qu’il a rééssayé et sa board a fini dans le fleuve (qu’on ne voit pas) l’essai d’après. C’était cool aussi, mais en fait, nan.

Bref, Théo a replaqué. Mais de manière, disons… point à son goût ? C’était sketchy quoi, la sueur coulait, les mains ont touché et râclé le sol, vous savez, ce genre de replaque où on essaye de saluer à la japonaise tout en continuant de rouler vazy vaza en s’accrochant à tout ce qui passe pour ne pas tomber complêtement. Le skateur n’était pas satisfait de la forme de la figure et n’a donc pas “validé” son trick, il n’a pas la même valeur à ses yeux qu’un trick mis de manière propre et irréprochable. Et ça, c’est presque aussi important que le fait incontestable que la figure aie été mise. Personnellement, j’aurai utilisée cette photo, car j’adore Théo le skateboarder et j’adore les replaques où on s’accroche désespérement* à la vie, mais le veto (en quelque sorte) du skateboarder, le héros de la photo, est ici tout-puissant.

*. 1.De façon désespérée, avec désespoir : Appeler désespérément à l'aide.

2. Avec la violence, l'énergie du désespoir, de toutes ses forces, avec acharnement : Lutter désespérément.

(Dictionnaire Larousse)

Bref, Théo est mon héros.

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