Le confinement a eu du bon !

Propos par Lucie Cerdeira

Photos Fred Nicolas

Récemment, j'ai eu l'occasion de découvrir Alex de BIgmess skateboarding. Et Alex, il presse de l'érable DANS LES LANDES pour vous sortir des planches incroyables. 

j'ai eu un vrai coup de cœur pour sa manière de travailler et de penser, donc venez le découvrir avec moi…

Un atelier qui en fait rêver plus d’un !

Alex, c'est un poitevin de naissance, toulousain d'expérience et humaniste en général. C'est un 96, donc un petit jeune dans le milieu du skate : il a grandi en lisant les grandes périodes qui ont rythmé l’histoire du skate (il les a vécu par procuration en gros). C'est comme ça qu'il a découvert les valeurs de liberté, de partage et d’unicité qui lui correspondent et lui semblent juste. Toutes ces belles valeurs ont beaucoup évolué au fil des années, et aujourd’hui sont menacées  par certaines personnes et groupes de personnes mal-intentionné(e)s. Il est le premier à s'engager pour une évolution de notre art vers toujours plus de liberté.

Ça veut dire quoi, que tu presses de l'érable ? 

Shaper de skateboards, ça consiste d’abord à coller puis presser de l’érable, canadien si possible.

7 plis d’érable, de la colle d’une composition propre à chacun, dans un moule (en général en bois), le tout sous les vérins d’une presse hydraulique (comme des crics de voiture) pendant 12 à 24h.

N’importe quel shaper est fier de sa presse et de son moule puisqu’il ne lui a pas forcément été simple de les trouver et il y a mis un billet et plusieurs essais avant de trouver la bonne combine.    

Ça c’est la première partie du job, la seconde consiste à découper/poncer la board pour qu’elle convienne à son utilisateur. Comme pour le surf, on va dessiner puis usiner la board à l’aide d’outils et enfin la décorer de notre blason.

Comment t’es venu l’idée de faire ce métier?

Pour moi ça a vraiment commencé lors du premier confinement (C'est pas un mauvais souvenir pour tout le monde alors). J’ai un passé bricoleur grâce à mon père et un bac+3 de chimie des matériaux (mais c'est une tête de fou !), mais le confinement m’a fait ruminer sur la genèse de l’objet à roulettes. Quelques recherches, un premier test sur la presse sous-vide de Roarockit puis des investissements qui ne me paraissaient pas si exorbitants pour réussir à sortir le Saint-Graal : une board de skate !

As-tu rencontré des difficultés à tes débuts?

Forcément.

Mais c’est ce qui fait la beauté de la réussite une fois les combats remportés. Pas assez de colle, moule pas symétrique, défauts de pression, planches mal usinées, mauvais vernis, etc.. Heureusement que certains anciens du milieu se sont montrés pédagogues pour répondre à mes questions et corriger mes erreurs (Merci à vous les gars). Je pense aujourd’hui avoir atteint une qualité de production dont je suis satisfait, reste à perfectionner l’esthétique du dessous de la planche maintenant. 

Tes planches, tu les vends en direct ou tu passes par des skateshops ?

La plupart est vendue en direct. La marge est meilleure, faut pas se mentir.

Les gens peuvent me passer une commande en détaillant leurs attentes ou carrément venir fabriquer la planche avec moi à l’atelier. C’est une des principales raisons qui me poussent à continuer cette passion. Ça n’a pas de prix que de voir un enfant (et même un adulte) réaliser qu’il/elle est capable de produire sa propre planche entièrement sur-mesure (Les étoiles pleins les yeux rien que d'y penser).

Ensuite il y a les skateshops, qui ne se battent pas pour référencer du local, on va pas se mentir non plus. Je ne les accuse en aucun cas. L’industrie en place est « puissante » et écrasante de propositions. Pour ma part j’aimerai remercier Le Park by Zao à Hossegor et Pickle Skateshop qui ont décidé de me faire confiance.

Pour les autres qui liront : vous pouvez faire x2 sur mes boards contrairement à certains distributeurs… bisous ! (Prenez note les gars).

Est-ce que tu arrives à bien en vivre?

Ah, la fameuse question ! On ne choisit pas le skate pour faire de l’argent, ou alors, tôt ou tard on se mange un cailloux, et la chute est aussi douloureuse que inattendue. Disons que j’arrondis mes fins de mois. Mon but n’est pas d’en vivre, il faut être lucide. Pour en vivre il faudrait une usine pour envoyer du volume. Le but c’est plutôt de défendre un savoir-faire et faire circuler un message de contre-culture : l’esprit DIY en quelque sorte.  

 

 Des conseils pour ceux qui veulent se lancer dans ce style de métier et de milieu ?

La persévérance les gars/meufs. Lâchez-rien. Beaucoup de choses auraient pu me dégoûter. Elles me dégoûtent encore. Mais si on choisit cette voie c’est pour défendre des valeurs que certains n’auront jamais, même avec du budget. Dans ce milieu, soit t’es CORE, soit t’es BUSINESS, pas les 2. Nous on a choisi le CORE, on se bat avec le cœur. Ceux qui ont choisi le business se battent avec le lard-feuille.


Alors vous aussi vous allez venir à Seignosse pour faire votre planche avec Alex ?

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