en gaule, il y a l’ART ROMAIN
Photos et propos recueillis par Cyril Lestage
Romain Hurdequint est un artiste et un producteur artistique français, qui vit actuellement à Châlon sur Soâne, entre Mâcon et Dijon. Il skate depuis la nuit des temps (c’est d’ailleurs ce qu’on appelle “un bon skateur !), et a une petite spécialité : il prépare et créée des oeuvres d’un style Greco-Romain avec de vieilles planches, de la peinture et des idées.
Et attention, c’est des dizaines de boards et des dizaines d’heures de travail qui passent là dedans, tout ça pour quelque chose d’unique et d’un peu étrange. Romain fait partie de ces aristes qui ont eu un jour une idée, qui leur plait, mais qui ne savent pas vraiment si c’est bon ou quoi. Pourtant, ils lèvent le doigt, et la magie s’opère.
Les oeuvres de Romain, tout comme sa personalité, plaisent dans le monde entier… ça nous plaît aussi, et Super Sarah vous présente donc : Romain Hurdequint.
Tsoin tsoin !
Fakie nosegrind sur un banc, qui n’est pas petit. Romain est juste un géant, alors bon, le banc a l’air petit, mais il ne l’est pas.
SUPER SARAH : Est-ce que toi, tu peux te présenter, me dire ton nom complet, ton âge… je sais déjà que tu vis à Chalon s/Soâne, et qu'est-ce que tu fais dans la vie ? Mon cher Romain, pour les gens qui ne te connaissent pas.
ROMAIN HURDEQUINT : Moi, c'est, ouais, donc moi c'est Romain … j'ai 36 ans. Et comme activité aujourd'hui, j'ai deux activités : J'ai déjà une activité de création de site internet. En gros c'est du web marketing, de la maintenance internet, plein de trucs qui me saoûlent un peu, mais que je continue à faire parce qu'il faut manger.
Et une activité artistique, donc…je produits des œuvres à partir de planches de skate cassées.
Et j'ai deux autres activités que je fais un petit peu moins, qui sont … une où je mettais en avant les planches de skate… des nouvelles séries, où les planches de skate artistiques que je trouvais intéressantes (The Daily Board, ndlr).
Et Tiger Claw, où on avait créé une ligne de produits autour du skate et de l'art, avec des fixations, des planches de skate nudes, ou des planches de skate teintees, dorés et tout ce qu'on veut pour pouvoir customiser son propre skateboard.
Et ça fait du coup, c'est une nouvelle vie qui s'est offerte à toi, en tant q'u’artiste, en tant que créateur, businessman, et cetera… tu fais ça depuis quelle année?
Oui, en fait moi, le cheminement est un peu chelou par rapport à un artiste (sourire).
Moi, j'ai commencé quand j'étais encore étudiant à faire The Daily Board, un petit blog personnel où je mettais en avant tous les jours un skateboard, une série de baords ou une oeuvre à partir de skate qui m'inspirais et du coup, j'ai fait ça pendant pas mal de temps, forcément à côté d'un job. A un moment donné, je me suis dit : je vais faire un e-book, mais après, c'est devenu un peu ridicule par rapport au fait que j'avais un bon contenu et qu'on pourrait peut-être l'auto-éditer.
J'ai commencé à me dire que j’allais essayer de l'auto-éditer tout seul et finalement, je suis allé voir des maisons d'éditions, et il y en a une qui était intéressée, enfin en tout cas, c'était intéressant pour tous les deux de bosser ensemble, on a passé deux ans à écrire un bouquin qui s'appelle Skate Art.
Et ça a bien marché, c'était cool, on l'a fait en anglais-français et, du coup, il était distribué pas partout dans le monde : dans les États-Unis, au Canada, en Italie…
Donc ça a mis ton nom sur la scène, sur la scène de notre petite industrie.
En tout cas, sur les mecs qui font vraiment un peu nerd du skatart, ça m'a mis un petit peu en avant quand-même !
Et en fait, en faisant ça, on m'a proposé d'organiser des expositions, parce qu'a fait une soirée de lancement (pour le livre, ndlr) où c'était super cool. On a fait du mapping sur des skateboards et on avait présenté…
Et du coup, de fil en aiguille, on m’a proposé de faire des expos de Skate avec une association qui s'appelle Superposition, qui n'existe plus aujourd'hui, mais qui était une asso de street art. En fait, suite à ça, j'ai fait des expos avec des tattoeurs que je faisais dessiner pour des skates, et des street artistes que je faisais dessiner sur des skates.
D'accord. Mais toi en tant que artiste, tu produisais déjà des choses ?
Moi, je produisais un truc un peu de lego et skateboard que j'ai présenté dans mon bouquin à l'époque (rires).
J'en ai fait, j'en ai fait, j'en ai fait même deux tu vois.
Je m’étais bien amusé là dessus mais je me sentais des pas du tout légitime. Et je me...En vrai, j'ai dû mettre 5-6 ans à avoir mon idée et puis à me dire « Ouais, c'est pas assez bien, est-ce qu'il faut le faire ? Est-ce qu'il faut pas le faire ? Tu vois ? »
Et je me suis un peu retourné le cerveau avant de me lancer.
Et en fait, en ayant organisé des expos avec des artistes, ça m'a un peu ouvert l'esprit, ça m'a un peu débloqué. Mais je me disais l'expo, c'est cool, mais c'est beaucoup de taff (l’organisation, ndlr)… Moi aussi, j'ai envie d'avoir le beau rôle et puis moi aussi, j'ai une idée qui m'intéresse. Et du coup, mon activité elle a commencé !
J'étais hyper fan d'un artiste qui s'appelle Mr.Tucks qui est un artiste de Singapour qui fait, comme style, comme si le skateboard avait existé à l'époque Féodal Japonais.
Je suis ultra fan de lui, je me suis fait un petit tattoo de lui. Je devais de le rencontrer quand j'ai fait un trip en Asie.
Et ce gars-là, il m'a débloqué : je me suis dis putain, ça serait trop bien de faire La même chose que lui, mais à l'époque gallo-romaine. Et c'est comme ça que j'ai commencé.
Du coup, je me suis dit “bon, bah là, j'ai un skate.
Ça pourrait faire une forme de jarre un peu allongée”.
Ok (rires) !
Ok ! Let's go avec 3 skate, avec 5 skate, et cetera.
Et du coup, maintenant, mes plus gros trucs, c'est 50 skate sont utilisés pour faire une sculpture. Ca a évolué de fil en aiguille, et en fait, c'est cool, ça fait 4 ans que je fais ça.
Depuis l'année dernière, c'est devenu mon activité principale de faire ça par rapport à l'activité de site web. Ça a vraiment bien marché.
Frontside ollie
C'est fantastique. Si tu as choisi ça, c'est que tu devais avoir un petit enclin artistique, n'est-ce pas ? Je sais pas, tu as toujours dessiné, tu as peut-être fait tes études là-dedans ?
T’avais un peu un bagage ou quelque chose dans ce domaine-là ou pas du tout ?
Plus jeune, j'avais pris quelques cours de dessin, tu vois.
Et ce que j'avais fait, c'est vraiment… une année de poterie (rires).
Et non, moi, j'ai fait des études qui n'ont rien à voir, mais j'étais un peu frustré. Moi, je voulais faire une école de design, mais c'était vraiment très cher. Donc, j'ai fait une école de commerce, une petite école de commerce à Châlon qui était beaucoup moins cher. Et ce qui m'amusais à l'école dans l'école de commerce, c'était faire des jolis Powerpoints.
Donc tu vois, je me suis quand même dit qu'il y avait une petite appétence là-dedans. Et ça m'a pas trop intéressé, ils ont fait une spécialité un peu web. Du coup, je me suis orienté sur la partie web.
Et voilà, j'avais toujours été ultra intéressé par le graphisme, la typographie. C'est les skateboards qui m'ont après ouvert grave l'esprit et qui ont montré tout ce qu'on pouvait faire d'intéressant. Ca m'a même ouvert l'esprit tu vois, sur l'art, quand j'ai fait mon bouquin. La maison d'édition était une maison d'édition spécialisée en livre d'art, Et ils m'ont dit, il faut vraiment que tu cherches ce qui a été fait autour de ça, par des artistes un peu reconnus, tu vois, comme Keith Haring (artiste moderne pop art et graffiti très influent, qui est mort du Sida en 1990) qui ont vraiment travaillé sur des skateboards, qui n'ont pas juste imprimé sur des skates, mais vraiment des gens qui sont intéressés à ça.
Et je me suis intéressé au fur et à mesure, à l'histoire de l'art, je n'avais pas trop...J'avais pas trop de bagages là-dessus. Et puis, en fait, sur la partie greco-romaine, ça me plaisait, mais sans me plaire.
En fait, il y a vraiment plein de sujets. C'est juste en creusant que ça m'intéresse. Après en fait quand tu mets le nez dedans, tu as envie de creuser toute ta vie dessus...
C'est une démarche créative, d'une culture, d'un...
Le skate nous ouvre à ça quelque part.
Ça t'ouvre entre autre à non seulement à la pratique, mais aussi, il y a tout un patrimoine, on va dire, c'est peut-être pas le mot, mais il y a tout un patrimoine derrière.
Mais oui, de ouf. Toi, ça été la photo. Moi c'était vraiment, les graphismes de skate. Moi, je me suis pris des énormes claques. Si bien qu'en fait, dès que je trouvais une planche trop belle, je voulais surtout pas l'acheter parce que ça m'a fait trop de mal de l'abîmer, tu vois.
romainhurdequint.com
bonjour@romainhurdequint.com
06 86 33 36 84
www.thedailyboard.co
tigerclaw.supplies