POUR COMMENCER…

Texte et photos par Cyril Lestage.

Notre vie skateboardistique est-elle devenue un bien de consommation courant ?

Dès le départ, un skateboard était un jeu.

Dans l’organisation moderne de nos sociétés Européennes, un jeu est un bien de consommation grand public, qui a autant de valeur que les utilisateurs peuvent lui apporter.

Si c’est nul, c’est au placard que ça finit, et on oublie. Ça ne se vend plus non plus, et les fabricants comme les inventeurs passent à autre chose.

Le skateboard a connu autant de vagues qui lui ont accordé de la valeur, que de vagues qui ont pu le faire descendre très vite de son piédestal. En 1959, il a été très populaire et le début de sa culture actuelle se préparait dans la marmite de la soupe au skate.

En 1981, la pratique n’était plus au beau fixe mais le bouillon de culture avait si bien tourné que ses praticants trouvaient d’autres formules que de rider des skateparks maintenant (presque) tous détruits, et, construisant des rampes verticales dans les jardins ou les champs, donnaient un nouvel élan à leurs passions. Plus tard, le team Swatch allait emmener Rodney Mullen loin de tout cela.

En 1995, les rampes étaient presque toutes démontées à travers le monde, et les skateboarders se passionnaient pour LA pratique urbaine des années 1990, le street. On roulait dans la rue, et on se faisait jeter des écoles ou du parking de Lidl. Un sentiment anti-autorité s’était développé et attirait des skateurs avec cette mentalité. Des idoles survivaient depuis plus d’une décennies, le matériel semblait se stabiliser autour d’un modèle standard pour (presque) tous, et des compétitions s’organisaient à nouveau sous l’égide de marques de télévision ou de montres suisses. On pouvait même envoyer ses gosses en camp de skate, voyons !

En 2015 comme en 2025, le skateboard, sa culture et son industrie n’ont plus rien de spécial comparé à son grand-frère le Surf, ou la trottinette, comme a pu dire Jim il y a quelque semaines dans les pages de notre petit magazine. Le skate est aux Jeux-Olympiques, les pubs sont remplis de skateuses, et les générations ont vieilli, passant leur temps à essayer de collectionner de vieux skateboards achetés très chers sur Ebay ou en skateshop.

Pourtant, on continue à skater, de partout dans le monde et dans les zones francophones. Pourtant, c’est pas cool, c’est dur, il n’y a plus de repères pour le bon matériel ou le mauvais pro qui filme que sur Instagram, j’y comprend rien… Aujourd’hui, dans le skate, on prend, on ingurgite, mais on ne donne plus vraiment de soit car il est partout. Il vit tout seul, après-tout !

Est-ce que le ciel n’irait pas nous tomber sur la tête ?

On sent le vent tourner, mais il n’a pas encore d’odeur. La fin du règne, du temps où le skateboard influençait le reste du monde a sonné. Si en 2002 les skateboardeurs ont resserré leur futals bien avant que le reste du monde fasse de même, ça n’arrivera plus jamais. La prochaine grande salve viendra de l’extérieur, et je sais pas vous, mais je serai là pour le voir.

Marre de jouer au skate comme Jojo ?

Mets-toi à la lecture pignouf, et suis-nous dans le numéro 3 !

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