Hommage à un spot qui n’est plus

Restez en paix, petits plans inclinés colorés.

Texte et photos : Cyril Lestage

C’est l’histoire d’une pyramide en mosaïque, qui n’était accessible qu’aux personnes qui partageait un secret.

Le secret de son accès.

Pas vraiment bien gardé, mais dur à maîtriser, c’est cet accès à ces petites pyramides colorées, qui ont été skatées des dizaines d’années, qui les rendait… magiques.

Oh, elles était dures à vraiment skater ces fripounes, mais le cadre faisait tout. On était sous un chapiteau, secoués par les bruits en écho des roues, et à se demander quand nous allions nous prendre les pieds dans les cracs du bétons.

N’en déplaisent aux petits cons, ceux qui faisaient de ce spot leur bastion le verraient condamné à tout jamais, car des vigiles veillaient.

Swan Ducrot-Lelong, hardflip to fakie sur le hip

J’y ai passé des années, à fouler ce sol tous les jours, pour écouter les discours de personnes malmenées.

Dans cette université, j’y ai pris goût à lire, à écrire et à discuter. C’était la musique urbaine de ma vie, hors skate, et pourtant ce lieu en était habité.

Skater ici à toujours été spécial, si bien que quand vous vous y faisiez un peu mal, ça n’était finalement pas grand chose, et vous ne rentriez pas chez vous morose.

Morose ou malade, j’ai pu skater ici en bonne compagnie, toujours en joie de pouvoir donner un peu de moi sur des planc inclinés glissants, des ledges imprenables et une pyramide calculable. Les couleurs, l’odeur et la bonne humeur m’ont guidé à travers les années.

Matéo Bécameil, fakie frontside shove it.

Malheureusement, toute bonne chose connaît une fin, et un jour, des tas de terre et un grand trou sont apparus au lieu du lieu.

Une part de moi s’en est allé, Dieu sait où, et l’eau qui coulait dans les fissures de la terre et de ces nouveaux ravins a commencé à former un petit lac. Qui était plutôt joli, d’ailleurs.

Je repense aux sessions filmage de ma jeunesse qui file, en particulier au jour où Moby a fait un noseslide tranfert sur un ledge imprenable entre deux plans inclinés, ou la dernière fois que j’y suis allé en décembre avec Baptiste, Mattéo et quelques autres… On a lancé des cailloux, juste parce que…

Quand vous sortiez, il fallait escalader. Que vous soyez blessés ou vitaminé, le chemin restait identique. Et pas pratique.

Adam Geigt, nollie inward heelflip en forme d’adieu.

Ne subsisterons que des souvenirs pour tous

et le manque à gagner de ce petit spot, pas facile d’accès ni de sortie, mais toujours présent pour un bon moment. Les échos des boards sur le béton et l’émail s’en sont allés voir ailleurs, pour le pire et le meilleur. Il est maintenant temps de penser au présent !

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