LA BELGIQUE, terre de SKATEPARKS ET D’INITIATIVES ?
Par Cyril Lestage
LES SKATEPARKS DE BELGIQUE
D’APRES DES UTILISATEURS CONVAINCUS
Avec deux anciens skateboarders sponsorisés, Quentin Dupont et Adrien Stouse, nous brossons un petit aperçu de leur expérience “skateparkistique” de leur bonne vieille Belgique après avoir passé quelques années de planche à roulette…
QUENTIN DUPONT a 33 ans, est Chef professionnel et est un ancien skateur sponsorisé qui a beaucoup voyagé en Europe, vivant à fond sa “skate life”, t’as vu.
Quentin nous appelle alors qu’il est en train d’éplucher des tonnes de patates dans son restaurant, juste avant de se faire opérer du genou (ouais, parcequ’il bosse même avec un genou pété). On peut pas vraiment faire plus Belge que ça en fait…
Quentin Dupont, method transfer.
SUPER SARAH : Tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
QUENTIN DUPONT : Je suis un chef Belge (rires). Je m’appelle Quentin Dupont, je suis un skateur. Chef à domicile et prochainement j’ouvre un restaurant avec des concepts culinaires un peu décalés.
Tu skates depuis combien de temps ?
Longtemps (rires) Je dirais quasiment 20 ans.
Tu te souviens la première fois que t’as mis les pieds dans un skatepark ?
La première fois que j’ai mis les pieds sur une planche déjà, c’était pas dans un skatepark. J’avais récupéré une planche carrée à mon père et on faisait de la descente. Je dirais qu’après 4 ou 5 mois de skate dans la rue on a commencé à aller sur les skateparks.
Tu te souviens du premier ?
Un skatepark tout pourri, à Loyers (un petit village à côté de Namur en Wallonie, ndlr) coincé avec un terrain de basket. Un petit skatepark de village, y’avait littéralement deux modules en béton et une barre.
Comment se dégourdir la nouille en skatepark : ollie over to feeble to 5050 shove it out.
Les skateparks belges ont une place plutôt particulière dans la scène européennes, il y en a plein : des très vieux et d’autres qui sont très neufs. Il y a aussi beaucoup de gens motivés à faire des trucs, en indoor et compagnie…Tu en as une vision particulière, toi, par rapport à ceux que tu as visité en Europe ?
Je pense que l’arrivée des JO a développé très fort, mais la période où je bourlinguais je devais quand même faire 1 à 2h de route pour trouver une structure correc’, donc c’était pas si imbriqué en Wallonie en tout cas. Du côté de Bruxelles ou de la Flandre il y avait quelques structures. Il y avait ici beaucoup de skateurs qui avaient construits leurs modules eux-mêmes, qui se battaient pour avoir un petit coin (...) Dans le skate il y a un échange de cultures avec différents âges, niveaux, ethnies…et tu rencontres des gens qui ont un passé avec moins d’infrastructures. Les plus vieux te donnent un petit peu la main, et essaient d’impliquer les plus jeunes dans des projets, et qu’ils encadrent les prochains. Il y a vraiment un échange.(...)
Ton frère a d’ailleurs lancé Skatoria (une association connue de skateboard en Belgique, ndlr)…qu’est-ce qu’ils font ?
C’est très connecté avec les maisons des jeunes, ils construisent des modules avec des jeunes, ils font des shows de skate dans des fêtes de villages, ils ont des minis rampes qu’ils transportent à droite à gauche…Ils mettent des infrastructures sur des festivals également.
Donc en Belgique il y a des organisations mobiles autour de ce monde du skatepark ?
Ils essaient de bouger, de rassembler et qu’il y ait une cohésion entre les plus confirmés et les jeunes. Skatoria est national en Belgique, et ils ont des amis partout dans le monde.
Quand tu penses à ta vie de skateur, est-ce que tu as une anecdote de skatepark qui te reviens ?
Euuuh…Clairement, tous les skateurs ont un peu leur skateur star (rires) les idoles ! J’ai vu une démo à Zumiez (un gros skatepark couvert historique de Belgique, près de la frontière française). J’ai vu Vallely avec Element, il est arrivé avec Arto Saari et tout le team Analog, y’avait du beau monde. ! Je me rappelle que Mike Vallely c’était le dernier homme debout de tous les skateurs (rires) Il faisait la démo tout seul, il allait chercher vraiment les passages complètement différemment des autres skateurs. Il allait chercher des gros murs à 3 mètres d’une courbe pour faire des wallplants, faire du freestyle sur le sol…(...) Quand on voit ce skateur à la télé, puis quand on le voit en VRAI ça marque vraiment les esprits.
ADRIEN STOUSE, 34 ans
chimiste professionnel et ancien skateur sponsorisé.
Adrien est arrivé au skate sur le tard, et a été très apprécié de la scène Wallone par son enthousiasme et son ouverture aux autres. Il est par ailleurs binbin imperméable aux idéaux politiques aux épinards des Français, ce qui le met parfois dans des situations hilarantes, comme quand il rentre tout content du Puy du Fou par exemple et que des potes français vénère lui apprennent qu’il faut pas y’aller, c’est honteux, paskeu c’est des gens de droite qui tiennent le Puy, tout ça…
Adrien Stouse, early grab backside air sur un énorme mur vertical belge.
Tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Euuuuh…Donc moi c’est Adrien Stouse, je suis chimiste….en train de finir mon doctorat en chimie d’ailleurs et je suis là en train de chercher du boulot. Je skate…depuis 11 ans je crois ? On est en 25… ouais 11 ans !
Est-ce que tu te souviens la première fois que t’as mis les pieds dans un skatepark ?
Ouais. Je pense que c’était le skatepark de Namur. Je sais pas si tu es allé quand tu es venu voir Quentin (Dupont, ndlr, voir au dessus !) ? C’est une bonne histoire à raconter. En fait, moi j’ai commencé directement dans les skateparks, j’ai d’abord fait un peu dans la rue parce que j’avais de skatepark à proximité de chez moi. J’étais par ailleurs étudiant à Louvain la Neuve, n’est-ce pas, et je suis tombé en skatant sur Quentin Dupont, je me suis dit “Mais putain, c’est qui ce gars avec ce bagôut et ce style” et tout ça. Comme tu sais, on est devenu super potes ! Sur le moment, je me suis dit, “Ce gars, il faut que je sois pote avec lui, il est trop chouette !” Comme tu connais Quentin, il est très avenant…dans la semaine qui suivait ou quoi, il m’invitait à Namur, à aller boire avec lui en soirée en ville…et le plan, c’est qu’on devait aller rouler le skatepark de Namur le lendemain, sauf qu’en fait bin…la soirée, on était tous les deux irradiés, donc on a pas beaucoup skaté le lendemain (rires) On est quand même passé, c’était pas non plus les conditions idéales, il faisait humide parce qu’il faisait que pleuvoir et cetera…
Et vous, vous étiez un peu humide aussi ! (rires)
Ouais ouais clairement, intérieur extérieur, de partout quoi !
Les skateparks belges ont une place plutôt particulière dans la scène européennes, il y en a plein : des très vieux et d’autres qui sont très neufs. Quentin a beaucoup souligné le fait que des gens se bougeaient pour construire des choses. Est-ce que toi, par rapport à ce que tu as pu voir en Europe par exemple, t’en as une vision particulière ?
Euh, euh…est-ce que… Oui, ce que je vois, c’est qu’on peut citer des personnes qui font bouger la scène à fond la caisse (...) Comme Luc Vandesteene qui a monté les Monter on Wheels, à Mons. Je te recommande de l’interviewer, ça serait super intéressant… Il s’est bougé pour que la ville de Mons laisse à dispo un hangar désaffecté pour que la scène skate puisse construire des modules, et en fait la scène a vraiment gagné en visibilité auprès de la ville. 3, 4 ans plus tard, un vrai skatepark digne de ce nom a poussé à quelques centaines de mètres du DIY. Et le DIY est toujours présent aussi.
Le Stouze aime faire des kickflips en skatepark sur 3 marches comme s’il en passait 8.
Toi, ce que tu soulignes c’est que tout ce qui est lié au fait de l’existence de structures, c’est lié à l’engagement des skateurs en Belgique ?