ROBIN BOLIAN est en fait né dans les années 80

Et ça fait du bien.

Texte et photos par Cyril Lestage

robin bolian bs air

Backside air

J’ai rencontré Robin un certain nombre de fois dans ma vie :

on a 10 ans d’écart certes, on skatait dans le même skatepark, mais on sait parler tous les deux et se dire bonjour (heureusement Cyril c'est les bases quand même, ndlr). Je l’ai vu apprendre à s’envoler en transfer au dessus de courbes que je ne pouvait pas prendre, et lui et Adrien Coillard faisaient partie d’une génération de skater “plutôt” doués à Lyon que des marques, petites ou grosses, ont bien vite eu envie d’avoir sous leur protection. Si Adrien est vite monté au soleil et s’est un peu brûlé les ailes (c’est un peu le problèmes des lyonnais, ils brillent trop fort, ils crâment (crânent ?) très vite et il ne reste que les cendres pour pleurer), on peut presque dire que Robin vole tout feu tout flamme et semble ne pas se brûler.

Ah bon ?

robin bolian smith grind

Smith grind à toute berzingue

Dans les années 80, c’était les années de vaches maigres pour les skateboarders tout comme les années de l’excès.

Un peu comme en 2025 ? Chut !

Des mecs et des filles se construisaient des rampes dans des jardins en mangeant des pâtes à tous les repas, et le lendemain la cocaine et le caviard venaient à eux. C’était comme ça les années 80 : les années de Reagan qui aimait l’argent et de Mitterand qui aimait consulter des voyantes avant d’enfoncer l’Europe dans une période plutôt chiante, des boards poissons, et de Christian Hosoi qui faisait rêver.

Pour ma part, les années 80 représente le skateboard en pool et en bowl, accompagné de la naissance de la photographie de skate “moderne” dont les bases ont été établies presque en solo, par J. Grant Brittain.

Par l’utilisation du fisheye et des angles naturels qu’offrent les courbes pour la composition, il a su également capturer le fameux “moment” que nous autres les photo-journaleux, bin, on court après tout le temps. Le moment était d’autant plus important que l’utilisation unique du format 24x36 en pélicule ne permettait ni la vision des erreurs sur un foutu écran…et que la plupart des tricks étaient un peu fait sur le champ, là comme ça, et probablement jamais refait pour la photo puisque la grande majorité de ses photos se faisaient pendant des contests.

Pas de putain de téléphone, pas d’internet (ok boomer, ndlr), pas de flash automatique, pas de préparation, vous choissisiez votre pellicule et votre bière, et basta. Vous y étiez, ou pas. Et si vous n’y étiez pas, vous vous rabattiez sur un magasine avec délectance pour voir ces petits extraits magiques.

Bref, à vivre, c’était cool…sans doute. Je sais pas, je l’ai pas vécu (je suis uniquement né dans les années 80, j’ai pas tapé de coke avec Christian en fait !).

robin Bolian frontside air stiff

Frontside air qui fait peur aux pigeons du coin

C’est de la fausse romance, puisque j’espère pouvoir vivre tout ça un jour, mais c’est foutu.

Jamais un zoomeur qui se tient ne voudra vivre sans un putain de téléphone portable pendant plus de 72h (ok boomer x2, ndlr), fumer des clopes, et boire de la bière pas chère ou du thé à la place de Redbull au fruit du Dragon en pleine journée croyez-moi : j’ai essayé de les forcer, ils finissent par pleurer, et appeler ça du putain de harcèlement. Je le sais, j’ai les papiers du commissariat encore chauds.

J’ai couvert un gros contest en Rhônes-Alpes (France) ce week-end pour la presse et pour le magazine. Peut-être qu’on vous dira les résultats, ou pas, ça dépends pas de moi… mais en tout cas, il y avait Robin pendant la journée de chauffe. Et je me suis dit : “Aaaah, ça devait être comme ça de shooter comme Grant dans les années 1980”.

Parce que Robin, déjà, je ne l’ai pas reconnu, et j’en ai honte. Je m’excuse Robin. Il s’est coupé les cheveux, et ça change un homme, bref, mais quand même, j’aurai pu le reconnaître… Du coup, je l’ai pris en photo sans savoir qui, ou quoi, pendant 30 minutes. Il a volé dans tous les sens et grindé du coping bruyant. C’était beau, et j’essayais de composer avec juste un appareil et un fisheye. Comme on aurait pu faire dans un contest en 1980 ou tu ne sais pas qui est qui, et tu shootes juste pour ton magazine de mardouille parce que tu veux de belles images.

Les belles images, c’est tout ce qui compte. Une petite histoire pour rêver de choses qu’on aura pas, c’est encore mieux ?

En tout cas, Robin m’a offert les deux. Merci Robin.

robin bolian antiz

“Cyril m’a pas reconnu, ça me fout le cafard…”




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