Chômeuse go on !

Par Cyril Keller

Il y a un an, Adèle lançait sa chaine YouTube et concluait sa première vidéo par « Les filles, faites du skate! ». Aujourd’hui elle a dépassé le millier d’abonnés, et aussi ses limites, grâce au skateboard.

Parce que dans le petit monde du skate il n’y a pas que les pros qui s’acharnent, saignent et transpirent. Il y a aussi toi, moi, et Adèle.

Adèle a commencé le skate il y a un peu moins de 5 ans, après son master en économie. « J’étais un peu perdue, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Et le skate c’était un peu ma séance de psy. Depuis toute petite je regardais ça de loin, je trouvais ça trop beau. Après mes études j’avais du temps libre, alors j’ai dit go! ». 

Une première board Decathlon offerte à Noel, « elle aura pas tenu longtemps », et elle se tourne vers un skateshop grenoblois pour la deuxième. « Un skateshop c’est vraiment quelque chose de local, qui fait vivre l’écosystème des skaters d’une ville. Au delà des assos, c’est aussi eux qui créent des événements ». 

Quand elle a débuté le skate à Grenoble, elle a vite compris l’intérêt d’un skateshop

«C’est aussi un lieu de partage, moi j’ai commencé le skate seule, j’ai pas commencé avec des amis, donc je me suis bien sur tourné vers YouTube… mais aussi les gérants de skateshops qui m’ont beaucoup aidé, m’ont donné des conseils, ils m’ont appris à monter une board, poser le grip, et cetera. »

Depuis qu’elle a suivi “son conjoint”, c’est moins facile en banlieue parisienne. C’est pas évident d’avoir un skateshop en bas de chez soi, mais Adèle fait toujours l’effort d’aller jusqu’à la capitale et de ne pas commander ses boards sur le net.

Adele fait aussi autre chose sur le net : Une chaine YouTube où elle documente ses sessions, s’auto-motive à rentrer des tricks, partage réussîtes et déceptions sur sa planche : « j’ai fait ça par passion ». Comme vous et moi, Adèle bouffe du YouTube. A ses débuts en skate, elle regardait beaucoup de créateurs de contenus skateboardistiques, comme «La skatosphère aujourd’hui, mais il y avait aussi Le Chinois Fou, Orion Skateboarding et cetera. J’étais fan, et je me suis dis que j’avais vraiment envie de faire partie de ca ». Et elle s’est servi de notre philosophie skate «j’ai rien à perdre, faut pas avoir peur, faut se lancer».

Après un an d’existence, sa chaine compte environ 1300 abonnés. On est encore loin des ténors du YouTube game, mais avec 1000 abonnés, c’est le début de la monétisation. Ou pas ?

« Je crois que c’est plus compliqué que ça. Mais même si je pouvais monétiser, je ne le ferais pas. Je le fais plus pour les souvenirs, et si ça peut en motiver d’autres à aller skater, j’ai tout gagné ».

Mais une chaine YouTube, ce n’est pas indispensable.

« Justement, j’ai fait une pause sur ma chaine, parce que j’avais l’impression que ça me montait à la tête et j’ai voulu revenir à l’idée de faire du skate pour les vraies raisons, même si c’est toujours bien de partager ». Rassurez vous les abonnés, elle va revenir, mais pour le moment… « j’ai eu envie de faire une pause pour profiter, pas toujours me demander si ça a filmé, si j’étais dans le cadre, vraiment profiter de ma session ! »

J’ai découvert Adèle dès sa première vidéo, et j’avais aimé qu’elle incite les filles à aller skater. « Ah ouais il faut ! On est de plus en plus nombreuses mais on pourrait être encore plus ». C’est souvent la confiance en soi qui éloigne les filles des skateparks d’après Adèle. Pour certaines il y a peut être aussi la crainte d’être observée, voire matée par les skaters ? Adele à beau être une jolie jeune fille de 28 ans, elle n’a «jamais eu ce problème, limite je n’ai jamais ressenti de différence, que je sois une fille ou un garçon ».

Et ce n’est pas la première fois que j’entend une skateuse dire :

« j’étais agréablement surprise du non-jugement, que tu sois une fille, ils s’en foutent (les skaters ndlr), tant que tu es là et que tu te donnes, le reste, tout le monde s’en fout. ».

Rassure-moi Adèle, y’a pas que le skatepark dans la vie ? « J’aime les petites session matinales donc je skate souvent seule, et être seule en street je trouve que c’est plus compliqué. Donc j’aime le street en groupe, mais aussi les session solo au skatepark ».

Son trick préféré ? Pour le moment ça reste le kickflip. « C’est classique mais j’ai passé tellement de temps pour l’avoir, même si il n’est pas encore parfait ». Elle a aussi un flip 180 back qui marche très bien, et un boardslide qui s’affirme. Mais le plus dur en skate pour Adele, comme pour beaucoup… « ça reste de se dire: allez essaie ! Même si le skate permet de dépasser ses peurs, il y a toujours de nouvelles peurs, de nouveau obstacles et j’ai toujours du mal à me lancer ».

Son légume préféré ? « Ah ça c’est une question… Je suis tellement pas team légume malheureusement. Je suis team malbouffe. Donc je vais dire la pomme ».

Ok Adèle mais la pomme c’est un fruit !!

« (Rires) attends…qu’est ce que j’ai chez moi… La courgette ! Pour faire des bonnes ratatouilles !».

Démarquez-vous.

Quel que soit le cas, la façon dont vous racontez votre histoire en ligne peut faire toute la différence.

Alors chères futures skateuses, abonnez vous à la chaine d’Adèle et retenez la leçon ? On peut débarquer sur un skatepark en étant une fille et débutante. Il y aura toujours d’autres amateurs de planche à roulettes, mâles ou femelles débutant ou confirmés, prêts à partager une bonne session avec vous et à vous donner des conseils.

Le skateboard est un sport individuel qui se pratique en groupe.

Chaine YT @adelebis

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