On se fend la poire avec Lorinda
Texte par Lucie Cerdeira
Photos par Cyril Lestage
Avec Super Sarah, on parle skate évidemment mais on va aussi vous parler culture, je suis là pour vous faire un petit point sur les actualités culturelles et humoristiques (parce que chez Super Sarah on adore l’humour).
Ça va faire bientôt 2 ans que j’ai découvert le stand-up, que j’ai commencé à évoluer dans ce milieu et franchement c’est une des meilleures décisions que j’ai prises. Entre blagues pourries, drama entre humoristes et remise en question, il n’y a pas un jour qui ressemble au précédent.
Aujourd’hui, je vais vous présenter Lorinda , Lorinda ça fait 1 an que je la connais et que l’on évolue plus ou moins ensemble mais ça me tenait à cœur que ça soit la première personne que vous rencontriez !
Il est important pour moi de vous présenter cette femme car comme le skate, le stand-up est un milieu principalement masculin et j’aimerais mettre la lumière sur ceux qui la mérite et ici c’est Lorinda !
Pour commencer, Comment tu vas ?
Moi je vais toujours bien, mais... on veut une réponse sincère ou…
On en veut une sincère.
En ce moment d'un point de vue physique, j'entends, c'est un truc compliqué, puisque je sors de la grippe qui m'a éclaté au sol, là, pendant 6 jours. Et après cette grippe, j'enchaîne avec un autre virus. Voilà, mon corps a décidé que ce n'est pas assez, donc on enchaîne. Je manque énormément de sommeil donc sur les émotions, parfois, c’est un petit peu compliqué. Mais ça va. Et sinon, d'un point de vue moral, en règle générale tout va bien.
Parfait. Donc, comme j'aborde le sujet du stand-up, pour commencer, je veux savoir comment et pourquoi tu t'es lancé dans le stand-up?
Alors, eh bien c'était, y a quasiment un an, c'était le 14 février, donc, 2024. Et j'étais à La bonne gâche, ce soir-là, avec une copine, on a décidé de faire la Saint-Valentin.
Pour ceux qui ne savent pas. La bonne gâche, c'est quoi, exactement ?
La bonne gâche, bon, écoute, moi, j'y suis allé qu'une fois. Alors, c'est un bar, j'ai l'impression que c'est un bar et ils font des événements, ce que j'ai compris, il y a une petite scène et tout. Et donc, je vais à La bonne gâche, donc, avec ma pote. Je sais même plus comment j'en ai entendu parler, j'avoue. Je ne sais pas si j'ai dû voir passer sur les réseaux, ou quelque chose comme ça. Et là, je vois Bamba. Et je suis littéralement tombé amoureuse de son jeu. Et en fait, c'était la première fois depuis longtemps où je me suis dit, j'ai envie et besoin d'être sur scène là maintenant. Et ça faisait longtemps que j'avais pas joué parce que moi, j'ai une formation de théâtre professionnelle à la base.
Ouais, ça se voit.
J'ai fait l'Acting pendant un an, il y a longtemps l'Acting Studio. Et après, j'ai fait Acteur Pro, donc la nouvelle école de Nicolas Musilik qu’il y a dans le 6ème. Et j'ai fait partie de la première année, première promo assez cool. Et donc, voilà. Ça a été la première fois depuis longtemps que je me disais, Wow, j'ai envie d'être sur scène là maintenant. J'ai envie de prendre sa place et j'ai envie de faire des trucs là. Et du coup, voilà. Moi, j'ai envoyé un message à Ben, un copain qui était avec moi à l'école. Il m'a dit, dans un mois, tu joues à la Grooverie (lieu emblématique du stand-up lyonnais). J'ai dit, ok. Un mois plus tard, j'étais à la Grooverie, en train de faire mon premier cinq minutes. Voilà.
Qu'est-ce que tu penses du milieu du stand up actuellement ?
Qu’il n’y a pas assez de femmes. Mais sinon, par contre, je trouve, après, je ne suis peut-être pas objective parce que je suis encore un petit bébé.
C'est pour ça que je te demande, c’est cet avis qu’on veut.
Et bien, j'ai l'impression que je trouve qu'on a un bon fief. Je trouve, j'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de jeunes humoristes qui ont envie de se lancer, qui osent le faire et on a les lieux pour le faire, je trouve. Je trouve on a beaucoup de choix, en fait, à Lyon, pour jouer, je trouve, et voilà, je trouve ça cool.
J'ai pas l'impression de devoir beaucoup galérer pour trouver des salles et pour pouvoir jouer quoi. Mais ça manques de femmes. Toujours. Encore.
Et donc, je pense avoir un coup une réponse, mais qu'est-ce que tu aimerais apporter un peu plus à l’environnement actuel du stand up ?
Sur Lyon, on parle?
Sur Lyon.
Et bien, justement, plus de visibilité pour les femmes, et qu’il y ait plus de femmes qui osent se lancer, en fait. J'ai l'impression que comme on n'en voit pas tout le temps partout, il y a peut-être des filles et des femmes qui sont chez elles en train de se dire, ça me tenterait bien. Mais quand on en n'a pas assez qui le font, ou alors peut-être que certaines s'imagine que c’est un milieu plus masculin que féminin, alors que pas du tout, et qu'on a aussi plein de trucs à raconter et que c'est important de le faire.
Et du coup, sur la France, t'aurais la même réponse ?
Ouais, carrément. Carrément, carrément. Là, je viens d’Ambérieu-en-bugey, donc dans l'Ain, et j'ai créé mon comedy club, tout récemment là-bas, et c'est vrai que ça marche bien parce que là-bas, il n'y a pas de culture comme il y en a à Lyon, quand on a la MJC, mais il ne font pas, il n'y a pas de stand-up, il n'y a pas de comedy club, donc clairement, ça manque, je pense, quand même dans pas mal de villes, je pense que quand on n'est pas à Marseille, Paris ou à Lyon, ça commence un peu à manquer, je pense. Dans le sud, il n'y en a pas mal aussi, je crois, mon papa étant dans le sud, et depuis que je fais du stand-up, du coup, il fait un petit peu la tournée des comedy clubs aussi là-bas, et apparemment pareil, il y a un bon fief là-bas, mais en tout cas, moi, j'ai le désir, en tout cas, de le développer sur Ambérieux et dans l'Ain, et ça fait plaisir, les gens sont contents donc j’ai bien envie de faire ça.
J’ai vu récemment que t'as lancé ton comedy club, j'allais l'aborder le sujet, donc déjà, félicitations. Et ce que je voulais savoir si ça a été trop dur de lancer justement un comedy club dans un coin pommé ? En plus en étant une femme ! Et qu'est-ce que c'est un comedy club aussi pour ceux qui le savent pas ?
Et bon, alors c'est marrant parce que, moi, faut savoir que je débarque dans un milieu dans lequel j'ai pas de connaissance, c'est-à-dire que je ne comptais absolument pas faire de l’humour à la base. A la base, je devais faire du théâtre et du cinéma, même plusdu cinéma. Donc c'était pas du tout une option pour moi à la base de stand-up, et donc je ne regarde pas de stand-up, je connais peu d'humoristes connus français, j'ai très honte de le dire. Et je suis en train de rattraper un peu mon retard, mais c'est vrai que je suis un peu sauvage moi à la base, je suis en tout cas dans une grotte, et du coup, je ne regarde pas trop ce qui se passe ailleurs, et je me concentre sur moi ce que j'ai envie de faire. Et du coup, un comedy club, pour moi, c'est un endroit où il y a plusieurs humouristes qui se produisent, et du coup, ça fait un club de comédie quoi, dans le nom, mais il faut pas me demander énormément de trucs techniques sur les comedy club, parce que je me lance complètement à l'aveugle.
Et donc justement, le fait en plus que t'y connaisses pas grand-chose, t’as rencontré des difficultés ou pas en l'ensemble, pas ?
Alors en le lançant, alors non, en fait non, non, parce que je me suis inspiré super vite, en fait, de ce que j'ai vu autour, à partir du moment où on m’a invité au Paradox (bar proposant un plateau de stand-up toutes les semaines) ou dans d'autres salles, j'ai vu comment ça se passait, je me dis ok, j'ai envie de faire pareil, et j'ai le lieu idéal pour ça chez moi, et je connais le patron, enfin je connais. C'est un grand mot, mais en tout cas, j'ai laissé un paquet de vomis là-bas, donc je pense que ça va. J'ai passé beaucoup de week-end, beaucoup de soirées, beaucoup de... Ouais, c’est à concert à la base, donc il était super content, quand je lui ai proposé l'idée, ma vie ok, c'est cool parce que ça va m'amener une autre clientèle aussi, le fait que ce soit un spectacle, que les gens soient assis, et qu'ils aient quelque chose à regarder, ça change, parce qu’à Ambérieux, on a pas ça, et aux Triplettes encore moins, en plus c’est un bar de punk, et puis de punk rock, donc on est habitué à ce que ça bouge bien, donc du coup, non, je lui ai parlé de l'idée, il a été emballé super vite, il m’a proposé, on teste une première date en juillet, si ça fonctionne bien, on part sur un comedy club tous les trois mois, et si ça fonctionne vraiment bien, on partira sur un comedy club par mois, et donc là, on va faire notre quatrième représentation, le 14 février, très contente, parce que du coup, la boucle sera bouclée.
Pour les un an !
Exactement, un an, je fais venir Bamba, je fais venir Hermann, qui a été celui qui m'a lancé à la Grooverie, donc très contente. Donc non, j'ai pas eu de difficulté spécial à monter le comedy club, bien au contraire, je trouve que ça a marché très vite, donc trop vite, et du coup, deuxième comedy club à Lyon, là, que je co-organise au Flâneur, tous les troisièmes jeudis du mois, du coup, cette année.
Et du coup, c’est à côté de Lyon?
C'est côté Lyon, dans le 7e, c'est une auberge de jeunesse, très chouette, on est pas loin de Guillotière, rue de l'université. On a eu notre première, on a eu notre autre première, le 16 janvier là, ça c’était trop trop bien passé aussi, donc là, deuxième, le 20 février, 20 mars, 7 avril, 15 mai, on est sur tous les 3ème jeudi du mois, et là avec donc avec mon partenaire qui s'appelle Charlie, on a envie, là pour coup justement d'aider des personnes à se lancer, et qui n'en ont jamais fait du coup d'offrir l'opportunité de le faire. Mais en tout cas le Flâneur, c'est un lieu qui nous est chèr à lui et moi, on a beaucoup de copains là-bas aussi, et du coup, toutes les session y aura quelqu'un qui n'en aura jamais fait, qui passerait soit sur un 5 minutes, soit sur un 10 minutes, ça se sera à la personne de le sentir, et donc voilà, la première session, c'était Lisa, qui a fait sa première, ça s’est trop bien passé, et on a notre prochain téméraire courageux qui sera là, donc le 20 février, ça c'est très chouette.
Dans les personnes qui vont lire le magazine, il y en a beaucoup qui connaissent pas le stand-up et qui ne sont jamais allés en voir, tu dirais quoi à ces personnes-là pour venir voir du stand-up ?
Ce que je peux dire à quelqu'un qui n'a jamais vu de stand-up, je dirais, je dirais qu'il faut venir, oui, c'est un moment que, en fait, ça fait du bien de rire, surtout en ce moment, surtout voilà, que dès qu'on a l'occasion, à un moment donné, de sortir un petit peu de sa bulle, sortir un peu de son quotidien et de voir autre chose, que peut-être un cinéma, et que ça change, et que ça fait, c'est important aussi de soutenir les humoristes qui ont envie de se lancer aujourd'hui, qui commencent à Lyon, parce que, comme je l’ai dis, c'est potentiellement des artistes qu'on verra plus tard, au Jamel Comedy Club ou à Montreux, et donc c'est important et je pense qu'en fait, ça peut surtout donner envie à des personnes qui n'ont jamais pensé à voir avant aujourd'hui, monter sur scène et qu'ils disent, wow, ok, peut-être que ça, je peux le faire, ou du moins, ça me donne un peu envie, et ça, je trouve ça hyper important, et je rebondis là-dessus parce que quand j'ai dû un petit peu faire mes recherches pour savoir si il y a des personnes qui voulaient tester ce stand-up, justement pour le Flâneur, j'ai un copain qui m'a répondu tout de suite et qui m'a dit, mais un copain de longue date, donc j'ai pas forcément de nouvelles depuis un moment et tout qui m'a dit, “bah moi, moi, moi, moi, moi” je me souviens, wow, c'était clairement la dernière personne à qui j'ai pensé et il m'a dit, ben écoute, depuis que tu t'es lancé, et depuis que je vois ce que tu fais, ben en fait, ça me donne envie, ouais, d'essayer et c'est le plus beaux cadeaux, en fait, d'inspirer les autres.
Et pour finir on est quand même un magazine de skate et j'ai vu que tu t'étais mise au skate récemment. Comment tu t’en sors?
Faut que j’apprenne à freiner, le coccyx ça fait mal, j'étais pas tombé depuis très longtemps, donc ça fait mal.
Ah oui, oui, pour les mortels normaux, tomber, c'est pas un truc.
Bah c'est ça, mais en fait, j'ai très vite vu que ça allait m'arriver beaucoup plus souvent que avant maintenant donc disons que au lieu de faire la fifole, et n'ayant jamais fait de skate de ma vie, et il allant sans protection, yolo, on a qu'une vie, j'ai dit bah non, parce que quand j'ai chuté, ma tête elle a tapé quand même hyper fort sur le sol mais j'avais un bonnet, il m’a je pense sauvé la vie, parce que sinon je pense que je m'ouvrait le crâne, littéralement, je suis parti en arrière comme ça, j'étais à out pendant 5 minutes, mais non, par contre j'adore vraiment le skate, et je crois que c'est une sensation, peut-être qui est comparable au stand-up finalement, là, pendant qu'on fait le lien de lâcher prise, et de ne pas réfléchir, en fait, trop à ce qu'on fait sur le moment, faut se laisser porter en fait.
Et tu vas au skatepark ou tu skates dans la rue ?
Moi je vais sur... Alors nous, chez nous, on a la Viarhôna, c'est trop chouette. C'est une énorme piste cyclable, hyper longue, qui va du Lac Lémans jusque dans le sud je crois, qui longe tout le Rhône, le sol est génial. Mais c'est génial parce qu'en fait, j'ai une immense ligne droite, et je peux juste rouler, donc en fait, ouais, l'idée de pouvoir rouler jusqu'à ce que mort s'en suive me plaît. Mais par contre, je suis allé une fois en skate-park, j'ai vu à quel point le sol était parfait, c'est magnifique hein, ça glisse de fou, mais je n'ai pas encore testé les modules, je pense qu'il faut déjà que j'apprenne à freiner, et ensuite, je vais commencer à apprendre un peu des figures, et tout. Par contre, c'est un désir, je veux vraiment le faire! Pour l'instant, je me sens pas, surtout, c'est ce que j'ai dit à un copain, en plus, j'ai travaillé dans un collège en tant que surveillante, et que du coup, à Ambérieu, tous les gamins que j'ai eu au collège aujourd'hui sont au skate-park, et j’ai absolument pas envie de tomber devant tous les gamins... La honte!
Par contre, ce que j'ai très vite kiffé, et là où je me suis dit, "ok, je vais continuer", ça ne va pas juste être un hobby de 15 jours où je vais acheter mon skate puis le laisser pourrir dans le placard, c'est que la sensation que ça amène, je trouve, je ne sais pas de lâcher prise... En fait, quand je roule, je pense à rien, ça fait juste du bien, et la première fois que j'ai eu une émotion un petit peu chaude à traverser, je me suis dit "Ah faut que j'aille skater!" et ça c’est trop bon signe, je trouve! Le premier truc que je me suis dit, c'est je vais sortir le skate, il faut que j'aille faire un skate, là et c'est qu'à mon avis, je ne suis pas prête d'arrêter! Mais il me faut des profs maintenant, parce que c'est cool, on apprend tout seul mais au bout d'un moment il faut un œil extérieur.J'avoue que je n'ai pas encore le courage d'aller voir des skateurs/skateuses encore.
Alors avec tout ça, vous avez envie de découvrir le stand-up ?