ADRIEN, ou le skate sans chute et sans Ollie.

Par Cyril Keller

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Même les lendemains de bringue, Adrien est quand même en sortie de poubelle en skate !

Se souvient-on seulement de ce qu’est le skateboard ? L’origine, le cœur du poulet, le gras du truck ?

Comme le disait très justement Daniel Gesmer, (prononcez Guezmer c’est plus marrant) dans la vidéo Public Domain en 1988 : «Gliding and turning are the heart and soul of skateboarding, you can take everything else away, aerials, flips, ollies even ramps and you‘ll still have something you can call skateboarding, but if you take away gliding and turning you take away the very essence of the sport», autrement dit, rouler et tourner c’est ça l’essence du skate. Et si vous enlevez, les ollies, les tricks et les rampes il restera encore quelque chose que vous pourrez toujours appeler « skateboard ».

 

Adrien a 30 ans, il est prof de clarinette et skate tous les jours…

…mais uniquement pour se déplacer. 15 années de skate au compteur, et pas un seul kickflip !

Pourtant Adrien a commencé le skate dans un skatepark « Je trouvais ça cool, j’avais vu d’autres gens que je trouvais cool qui en faisaient ». De plus, le skate était à ses yeux « Un sport d’extérieur dans un endroit que je trouvais sympa, le skatepark, où on pratiquait du sport mais il n’y avait pas de coach. C’est ça qui m’a donné envie »

Mais très vite Adrien réalise deux choses, il n’a pas envie de se faire mal, mais il adore le skateboard. Il va donc laisser le skatepark de côté, et se déplacer en skate. Et ça fait 12 ans que ça dure. Sans un ollie, sans un trick et ça ne lui  manque pas, juste « des mini dérapages de temps en temps et encore, je ne me mets pas en danger ». Au moins 30 minutes de skate par jour, 7 jours sur 7 quelque soit la météo. Même sous la pluie !

Mais alors ? Ton grip ? Ta board ? Tes roulements ? Ils doivent être tout pourris ? « Je me pose pas ce genre de question, mes roulements sont rouillés ». De quoi faire frémir ceux qui passent leur dimanche à entretenir les leurs.

Et ta board? « Je sais même plus ce que c’est (il attrape son skate pour vérifier) une globe… je prend celle qui me parait bien et qui est pas cher sur le bon coin, je change tous les 4 ans. La dernière je l’avais fabriquée moi même, et on me l’a volée ».

Le skate dans ce qu’il a de plus simple. Mais n’allez pas croire qu’Adrien ne kiffe pas ! Au contraire même si il se déplace uniquement en skate parce que « C’est pratique tu peux le prendre dans un métro, un bus, le porter », il n’oublie pas le plaisir de la glisse et les souvenirs que le skate fabrique « vers 23/25 ans, à la sortie du taf, je prenais la descente des Minguettes à Vénissieux. Il y a un trottoir un peu large et c’est un de mes derniers souvenirs vraiment de skate ou je faisais des virages, des freinages. Et en ce moment j’ai aussi une grande descente pour revenir du taf, je regarde si y’a pas de voitures et souvent je me fais un petit kif ».

Certains amateurs de planches longues pourraient être tentées de l’attirer vers le downhill ou le surf-skate mais… « Non j’ai pas une grande culture skate, c’est vraiment mon moyen de transport. J’ai pas envie de progresser, je sais pousser et je sais rouler, je freine avec ma chaussure posée par terre. Tous mes déplacements je les fais avec mon skate et je ne me pose pas d’autres questions ».

En temps que prof de clarinette, il devrait aussi se faire du soucis pour son instrument mais là encore…« Non, parce que je ne tombe plus depuis des années. J’ai pas pris une gamelle en 5 ans alors que je skate au moins 1/2h par jour voire plus et tous les jours ».

Heureusement, il y a une justice, et comme tous les skaters Adrien a aussi des souvenirs de chutes, « mais je me gamelle pas tant que ça… Quand même la dernière gamelle elle était vraiment vénère, j’étais vraiment les mains pleines de sang, j’avais oublié que c’était possible ! Je me suis presque dit que j’étais trop vieux pour faire du skate (on est jamais trop vieux mon gars !! ndlr) ».

Et il a aussi en lui ce côté espiègle des skaters… comme ce jour où il était un peu en retard pour prendre le bus. « Le chauffeur m’a entendu taper sur la porte mais n’a pas voulu ouvrir. Alors j’ai sauté sur ma board, pris un raccourci que je connaissais, à fond la caisse, je suis arrivé avant le bus deux arrêts plus loin, et j’ai pris le bus en plaçant une petite réflexion au chauffeur ».

Ce qui est touchant chez Adrien, c’est que le skate il en a autant rien à foutre qu’il aime ça. A l’entendre parler on se dit que le skate pour lui c’est naturel, et il l’aime pour ce pour quoi il a été créé…une planche avec des roulettes pour surfer la ville.



Légume préféré : Les blettes, les endives, j’aime bien les trucs bien amers sa race !

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